Entre le solstice d’hiver et le nouvel an, nous avons eu la chance d’être invités par le créateur de Inflorenza, Thomas Munier pour une partie qu’il organisait dans une yourte équipée d’un dispositif de sons et d’images accompagné d’instruments de musique chamaniques.
Inflorenza se situe dans l’univers post apocalyptique forestier sludgecore de Millevaux inspiré des forêts vosgiennes qui nous ouvraient les bras ce soir là. Pour mon personnage c’était même en intra-veineuse.
Le lieu apporte une atmosphère importante à la narration et au pouvoir d’improvisation de chaque participant. Je suis persuadée qu’il porte une énergie qui aime inspirer certaines personnes sensibles à leurs histoires. La forêt sombre et dangereuse, rappelant à l’homme qu’il est une espèce vulnérable parmi d’autres est ce qui compose le terreau du romantisme : des rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, en passant par les escapades nourrissant les vers de Lord Byron, de la quête à travers les rêves et les chemins initiatiques de fleur bleue chez Novalis jusqu’au voyageur au dessus d’une mère de nuages de Caspar David Friedrich. La forêt, le monde sensible ou astral dans lequel se réfugie le petit peuple et les créatures soufflant aux peintres comme Richard Dadd des réminiscences des elfes de Shakespeare, l’immensité de la nature nous imposant une spiritualité sensible est ce qui guide mon travail artistique et spirituel et le jeu de rôle en est un des chemins. Ce n’est pas juste un loisir ou un passe temps, c’est une clé vers des états modifiés de conscience, qui selon moi nous reconnecte à notre essence pure. Nous ne sommes pas en dehors de la réalité, nous en percevons juste d’avantage se superposant. Certains conteurs, comme Laurent sont les psychopompes qui nous guident à travers ces mondes et je crois comprendre que Thomas cherche aussi à s’aventurer vers le chamanisme.
Assis en demi cercle sur les matelas de la yourte et face à la toile blanche reflétant les images du rétro-projecteurs, Thomas commença à nous décrire les lieux puis son personnage après que personne n’osa s’introduire en premier. On peut dire que la vieille Mougeotte ne fit pas long feu, bien que survivant dans les vicères de Martin après qu’il eut mangé sa soupe et lui parlant dans sa tête afin qu’il demande à la mère Guinguette qu’elle se sacrifie aux horlas. Cindy l’intrépide voyageuse et Marion, la jeune fille aux marionnettes avec sa capuche en forme de rat étaient toutes deux motivées pour voir et comprendre les horlas. Après que la peur et le doute face aux menaces ou aux risques soient acceptés, je reçus la connaissance de la nature à travers mes veines.
Tout cela s’est terminé à la fin de la diffusion des images en mouvement et tout fut synchronisés et pour moi-même je notais les synchronicités du lieu, des thèmes, de la magie car j’avais improvisé six mois avant à quelques centaines de mètres de là, alors que rien ne me destinait à croiser ces bois, ces petites grenouilles ou ces petites biches, une histoire mettant en scène ces êtres dans ce lieu, avec ce jeu et son système très libre mais installant néanmoins un décor précis. C’était ma première fois en tant que narratrice principale, avec un unique joueur très enthousiaste et clément.
A la fin de la partie, notre conteur a demandé à chaque participant (ou observateur) de livrer ses impressions s’il le voulait.
Je pense qu’il s’est passé des choses à des niveaux plus subtils que ce que mon esprit peut rationaliser par écrit. C’était donc une très bonne expérience.
Holy Mane
– Page facebook de Thomas Munier.
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